En 1976, un fabricant de sacs militaires décide de miser sur la garantie longue durée, taillant une brèche dans le marché saturé des accessoires scolaires. Eastpak, c’est d’abord un pari : celui de transformer un bagage de GI en symbole d’allure urbaine. Derrière le logo sobre, une promesse de fiabilité, tissée dans l’histoire et les matériaux. Les concurrents défilent, mais la marque, elle, s’accroche et évolue, portée par ses collaborations et la fidélité d’un public qui ne transige ni sur le style, ni sur la robustesse.
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Eastpak : une histoire qui commence dans les rangs militaires
La genèse d’Eastpak remonte à Boston, en 1952. Monte Goldman, fondateur d’Eastern Canvas Products USA Inc., reçoit pour mission de concevoir des sacs capables d’affronter les pires conditions. Fournir l’armée américaine, c’est respecter un cahier des charges strict : chaque couture doit résister, chaque toile doit encaisser l’humidité, la boue, les manipulations brutales. À cette époque, le logo n’est même pas envisagé : seule compte la capacité du sac à traverser les épreuves.
Le début des années 1970 marque un tournant décisif. Mark Goldman, le fils, perçoit que l’avenir de l’entreprise ne se limite plus aux uniformes et aux casernes. Il s’engage sur la voie civile, vise la jeunesse des campus et des villes. L’entreprise change de nom, mais garde son âme. Eastpak fait ses premiers pas dans la vie quotidienne, sans renoncer à ses racines utilitaires.
1976, c’est l’année du lancement du Padded Pak’r, modèle qui deviendra iconique. Bretelles renforcées, toile ultra-solide, lignes simples : la recette séduit instantanément. En France, l’arrivée du sac se fait sous l’impulsion de Kostia Belkin, qui ouvre la porte à la marque sur le marché parisien. Rapidement, le sac à dos quitte les salles de classe pour s’afficher dans la rue, sur les épaules des jeunes, des étudiants, des créatifs.
Encore aujourd’hui, Eastpak revendique ce double héritage. Entre racines militaires et ouverture aux tendances, la marque demeure un repère pour ceux qui recherchent solidité et caractère, sans compromis sur l’allure. Présente des États-Unis à l’Europe, elle séduit une clientèle variée, attachée à l’authenticité et à la durabilité.
Pourquoi ce nom ? Origine et signification d’Eastpak
Le changement de nom, dans les années 1970, n’a rien du hasard. Mark Goldman imagine une contraction limpide : « East » pour Boston, le point de départ de l’aventure, « pak » pour évoquer le paquetage, l’objet utile par essence. L’ensemble sonne juste, épuré, presque martial. Le choix affirme une identité : celle d’une marque qui va droit au but.
L’appellation Eastpak ancre la marque à l’est des États-Unis, tout en rappelant son passé de fournisseur militaire. Elle prépare également le terrain pour séduire une génération de citadins, de jeunes actifs, de voyageurs urbains. Côté logo, sobriété absolue : lettrage blanc sur fond noir, cousu sans détour sur la toile. Un signe distinctif, promesse de sérieux et de fiabilité.
Pour mieux saisir ce que ce nom véhicule, voici les trois piliers de son identité :
- Boston : la ville d’origine, racine américaine authentique.
- Packs militaires : le socle utilitaire, gage de résistance.
- Modernité : un nom capable de traverser les décennies et de s’adapter aux modes.
Chacun de ces points traduit une dimension concrète de la marque :
Eastpak s’impose ainsi comme une marque au discours direct. Pas de détours, ni de superflu : le nom lui-même condense l’histoire, l’ambition et l’attachement à la durabilité, tout en ouvrant la voie à une nouvelle façon de porter le sac à dos.
Des collaborations marquantes et des collections qui font parler d’elles
Le sac à dos Eastpak ne se contente pas d’être un accessoire de passage. Il se métamorphose, s’invite dans les sphères de la création et des tendances. Depuis les années 2000, la marque multiplie les collaborations avec des designers et artistes majeurs. Raf Simons, Walter Van Beirendonck, Kenzo, Jacquemus : chaque partenariat bouscule le modèle classique, injecte une dose de nouveauté, attire collectionneurs et curieux. Les éditions limitées déclenchent l’engouement, alimentent les discussions sur les réseaux.
La rencontre avec Andy Warhol reste gravée dans l’histoire de la marque. Sérigraphies éclatantes, clins d’œil à la Factory, couleurs franches : le sac à dos se transforme en support artistique, dialogue avec l’univers pop et détonne dans le paysage urbain. Ce type de collaboration montre à quel point Eastpak n’est pas figé dans son héritage, mais sait le réinventer.
La gamme, elle aussi, s’est largement diversifiée. Désormais, Eastpak ne se limite plus au sac à dos classique. L’offre s’élargit au fil des besoins : sacs pour ordinateur portable, bagages à roulettes, sacs polochon, bananes et accessoires, adaptés à la mobilité constante des citadins. Les collections suivent le tempo des villes, changent avec les saisons, s’ajustent aux envies des utilisateurs.
Intégrée au groupe VF Corporation, aux côtés de marques comme Timberland ou Vans, Eastpak continue de miser sur la fiabilité, la garantie longue durée, l’innovation dans les matériaux et le design. Étudiants, jeunes actifs, voyageurs et amateurs de mobilité choisissent la marque pour son équilibre entre tradition et capacité à se renouveler.
Face à Cabaïa et Herschel : matériaux, fabrication et position sur le marché
La qualité Eastpak s’appuie avant tout sur sa toile Cordura, une matière développée par Dupont de Nemours, reconnue pour sa résistance aux frottements et sa durabilité. Le modèle Padded Pak’r ne déroge pas à la règle : garanti trente ans, il incarne l’engagement de la marque envers ceux qui cherchent à investir une seule fois dans un sac qui dure.
Les nouveaux venus, Cabaïa, Herschel, apportent leur propre vision. Cabaïa, marque française, séduit par ses matériaux recyclés et ses accessoires personnalisables. Elle s’adresse à une génération soucieuse d’écologie et avide d’originalité. Herschel, née à Vancouver, revendique un style rétro, s’inspire du patrimoine nord-américain et multiplie les détails pratiques, comme les doublures rayées et les poches astucieuses.
Pour mieux comparer les trois grands acteurs du marché, voici ce qui les distingue :
- Eastpak : robustesse d’inspiration militaire, production optimisée, esthétique dépouillée.
- Cabaïa : modularité, démarche écologique, production européenne.
- Herschel : design vintage revisité, organisation interne travaillée, inspiration nord-américaine.
Ces marques incarnent des philosophies bien différentes :
Sur le marché, Eastpak garde une longueur d’avance grâce à sa renommée et à l’attachement de ses utilisateurs, en particulier en France et en Europe. Cabaïa s’impose sur le segment créatif et responsable, tandis que Herschel capitalise sur l’image « cool » d’outre-Atlantique. Trois manières d’envisager la mobilité, trois façons d’arborer un sac à dos, mais au final : un terrain de jeu où chacun tente de tracer sa route.
Qu’on croise un Eastpak usé au fil des années ou une collaboration rare à la sortie d’un métro, la marque continue de signifier bien plus qu’un simple sac : elle raconte une histoire, une fidélité, une capacité rare à traverser les modes sans rien céder sur la substance. Et si, finalement, le vrai luxe dans le monde du sac à dos, c’était la mémoire cousue à même la toile ?


